Enfant, quand tu es dans la rue, tu ne marches pas en fermant les yeux, tu te méfies du tas de gravats dans lequel tu pourrais buter, de l’excavation dans laquelle tu tomberais, de la boue qui te salirait, du cycliste rapide qui te renverserait et que sais-je encore ? Inconsciemment ton attention est toujours en éveil. Ainsi doit-il en être dans la vie.
Des pièges infiniment plus nombreux et plus méchants te guettent partout, ils se cachent sous les apparences les plus aimables et les plus anodines, ils s’appellent le ou la camarade perfide qui te raconte ses premières aventures et te donne le désir d’en avoir de semblables. Le film croustillant qui t’invite au baiser charnel mais se garde bien de te révéler tout ce que comporte de désintéressement, de sacrifice, de beau, le véritable amour humain, le seul qui soit digne de toi.
La réussite foudroyante de ces stars d’un jour qui leur procure villas, autos, bijoux, vie facile, adorateurs et fait naître en toi une secrète envie d’être comme elles. Ton jugement erroné qui te fait dire « tout le monde le fait, je peux bien le faire, les temps ont changé ».
Voilà le piège de la vie. Comprends-les et fuis-les, à marcher au bord du précipice on risque d’y tomber.
Février 69