Yampi

Yampi

 

Depuis huit jours…

C’est en vain que je te cherche, en vain que je t’appelle

Nul aboi ne répond à ma voix qui te hèle

Pourquoi es-tu parti si loin de la maison

En dépit du bon sens et de toute raison?

Ignorais-tu que la sirène enchanteresse

Malgré tous ses attraits n’est qu’une vraie traîtresse

Un génie trop pervers à ne pas écouter!

Elle t’a été fatale, la liberté !

Toi, si beau, t’en aller finir si tristement

Dans la rue, sans secours, en soufflant longuement

Nul n’a pu étancher le sang de ta blessure,

Nul n’a pu préserver ton corps de la froidure

Et quand le triste écran sur tes yeux s’est fermé

Ton coeur serrait encore tous ceux qui t’ont aimé.

 

Te souviens-tu, Yampi, quand j’étais au jardin…

 

Cédant à tes appels je venais à ta porte

Et nous disions nos rêves, jolis ou non qu’importe

Nous échangions des mots d’amour, de tendresse,

Ta patte rugueuse me faisait des caresses:

J’aimais ton fin museau et tes longues oreilles

Et ton long poil tout roux à de la soie pareil.

Tandis que de tes crocs tu mordillais ma main…

Tu voyais le chat gris et me lâchais soudain,

Les poules t’agaçaient et tu les faisais taire!

Un chien, chaque matin, te saluait en frère

Et tu lui répondais. Tu contestais le droit

A quiconque surtout de pénétrer chez toi

Le samedi pour toi était un jour de liesse

Quittant ta cour étroite et ton unique pièce

Tu bondissais partout et courais ventre à terre…

Tu t’arrêtais parfois, mordillais l’herbe amère

Et puis tu repartais…Tu avais vu en rêve

Un lièvre ou un perdreau et ne lui donnais trêve.

 

Aujourd’hui rien n’est plus, mais ta pensée nous hante

Victime infortunée de quelque folle amante

Et bien longtemps Yampi, de toi nous garderons

Le souvenir d’un chien, toujours aimable et bon.

14 février 67